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La monnaie est un outil indispensable pour nos civilisations. L'humain est dans l'obligation de réaliser des transactions avec ses pairs s'il souhaite pouvoir subvenir à ses besoins vitaux. La monnaie permet de fluidifier ces échanges en outrepassant le problème de la double concordance des besoins. Mais, lorsque cet instrument essentiel pour nos échanges ne remplit plus son rôle, c'est toute une civilisation qui est menacée.
Le bitcoin, unité de compte du système monétaire homonyme, pourrait être une monnaie bien plus intéressante que ce qui nous est proposé actuellement par les puissances étatiques. Dans cet article, je vais vous présenter pourquoi le bitcoin est une bonne monnaie.
Une monnaie est avant tout un actif. N'importe quel bien, matériel ou immatériel, peut théoriquement faire office de monnaie. Pour qu'un actif prenne ce statut, un consensus social doit se produire afin qu'un groupe de personnes le considère comme tel. Autrement dit, la monnaie émerge par un processus spontané du marché.
Par le passé, la monnaie s'est ainsi vue incarnée dans différents actifs protéiformes. Certains étaient des matières naturelles comme des pierres, des métaux, des coquillages ou du sel. D'autres étaient des produits issus de l'agriculture comme du bétail, du blé, du cacao ou encore du tabac. Enfin, il y a eu des produits artisanaux comme des couteaux, des armes ou encore de l'alcool.
On peut donc se demander comment peut-on déterminer, de façon la plus objective possible, si un actif ferait office d'une bonne monnaie.
Selon Aristote, la monnaie doit remplir trois fonctions principales. D'abord, elle doit être une réserve de valeur. C'est ce qui va permettre de déplacer le pouvoir d’achat dans le temps. Si l'on choisit de figer la valeur de son travail dans cette monnaie, on doit être sûr que son pouvoir d’achat futur, considéré par un groupe de personnes, sera au moins égale à sa valeur initiale.
Ensuite, la monnaie doit être un moyen d'échange. Autrement dit, elle doit être un intermédiaire dans les transactions afin de faciliter le déplacement de la valeur dans l'espace et fluidifier les échanges commerciaux.
Enfin, elle doit être une unité de compte. C’est un moyen de standardiser et de mesurer la valeur. Cela permet de tenir une comptabilité et de mettre en place des calculs économiques.
Pour qu'un actif candidat au statut de monnaie remplisse ces trois fonctions de façon fiable et sans dysfonctionnement, il doit être pourvu de certaines grandes caractéristiques :
À partir de ces postulats, nous pouvons comparer trois formes populaires de monnaie avec le bitcoin : la monnaie étatique électronique, la monnaie étatique papier et l’or.
Je prends la peine de différencier la monnaie électronique de la monnaie papier puisqu’elles disposent de caractéristiques fondamentalement différentes. La monnaie papier représente les billets et les pièces de banque, et la monnaie électronique représente les euros sur un compte bancaire.
Aujourd'hui, la plupart des monnaies étatiques remplissent leur fonction d'unité de compte, mais elles ne sont pas de bonnes réserves de valeur. Leur fonction de moyen d'échange est moyennement bien remplie.
L'or est bien une réserve de valeur, mais il remplit mal sa fonction de moyen d'échange.
Le bitcoin, lui, dispose de toutes les caractéristiques lui permettant de remplir parfaitement les trois grandes fonctions de la monnaie selon Aristote. Il dispose des nombreux avantages de l'or, tout en conservant la praticité des monnaies fiduciaires. Il est utilisable facilement sur internet, tout en conservant l’incensurabilité de la monnaie physique.
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De la même manière que Gutenberg est venu rompre le monopole de la distribution du savoir avec l’invention de l’imprimerie, Satoshi Nakamoto est venu rompre le monopole de la gestion de la monnaie par l’État.
Cette gestion centralisée mène souvent à des abus et à des problèmes. Dans l’histoire, la majorité des grandes catastrophes monétaires ont été perpétuées par les États. Aujourd’hui, suite aux nombreuses actions des banques centrales sur les monnaies étatiques, nous nous retrouvons de nouveau dans une économie où le capital est mal alloué. Cela mène à de nombreuses problématiques : entreprises zombies, chômage, inflation, utilisation de biens utilitaires comme moyen d’épargne, surendettement des États…
Évolution de l’indice monnaie au sens large (M3) au sein de l’OCDE depuis 1980.
Source : OCDE (2022), Monnaie au sens large (M3) (indicateur). doi: 10.1787/1d34b815-fr (Consulté le 12 novembre 2022).
Friedrich Hayek, prix Nobel d'économie en 1974, avait prédit l'arrivée de toutes ces problématiques. En 1976, juste après que les États-Unis ont rompu la convertibilité du Dollar en Or, Hayek publie son livre Pour une vraie concurrence des monnaies. Dans cet ouvrage, il met en avant l'importance d'enlever le monopole monétaire à l'État.
Pour lui, la question de cette concurrence n'est pas seulement un concept d'ordre technique, mais c'est bien ce qui dictera l’avenir de la civilisation. Il avance le fait que le monopole de la création monétaire par les banques centrales sape le bon fonctionnement du marché et nourrit la croissance de l'État. Il pense donc que l'avenir de la société libre est intimement lié à celui de la création monétaire.
On peut alors penser que l'État n'a plus vraiment le monopole sur la monnaie en Europe, puisque c'est la BCE, administration indépendante, qui est chargée de la gestion de celle-ci. Il n'en est rien. L'euro est toujours imposé comme monnaie obligatoire dans sa zone d'influence, et ce sont bien les gouvernements qui disposent du pouvoir exécutif pour faire respecter l'utilisation de l'euro.
Ce qui empêche aujourd'hui le peuple de disposer librement de la monnaie qui lui convient, c’est bien ce lien entre le pouvoir exécutif et le pouvoir monétaire. Les « faux-monnayeurs » ont depuis toujours été chassés et sanctionnés. Le pouvoir qu'ils enlèvent à l'État est trop grand. Ainsi, au 18ᵉ siècle, cet acte valait la peine capitale. Aujourd'hui, le faux monnayage est toujours réprimandé avec beaucoup de force.
Bitcoin est un miracle. Il représente la première monnaie libre qui a réussi à émerger et à se développer, malgré les restrictions des États dans ce domaine. Ce fut possible grâce à sa distribution. Le créateur est anonyme et aucune autorité centrale n'héberge le réseau. Bitcoin, c'est personne et tout le monde à la fois. Il n'existe aucun individu sur qui aller taper pour arrêter la machine.
Bitcoin permet alors pour la première fois, à quiconque possède un ordinateur et une connexion internet, d'accéder à une monnaie libre et dure.
Certains économistes, même libéraux, combattent l'idée d'une concurrence des monnaies. Ils avancent le fait que ce n'est pas commode pour un peuple de vivre avec plusieurs monnaies. Cela est totalement vrai, il n'est pas souhaitable d'utiliser des devises différentes de son voisin. Mais, la concurrence des monnaies n'implique pas forcément la cohabitation des monnaies.
L’individu, s'il est libre de choisir, se tournera toujours vers la monnaie qui lui convient le mieux. La meilleure devise émergera de façon naturelle, et elle fera consensus autour d'elle. Il deviendra alors logique pour chaque personne de n’en choisir qu’une seule. Ainsi, dans un système libre, les monnaies tendent naturellement vers un.
La Loi de Gresham est un mécanisme souvent avancé par les détracteurs de la concurrence des monnaies. Mais, selon Hayek, si les hommes étaient libres d'échanger les monnaies qu'ils souhaitent aux taux qu'ils fixent, alors c'est la bonne monnaie qui prendrait naturellement le dessus sur la mauvaise. On peut voir l'illustration de cela dans les périodes d'inflation : les personnes qui en ont la possibilité choisiront toujours de sortir leur épargne de la mauvaise monnaie pour aller acheter des devises étrangères, des actifs financiers ou même des biens de consommation courante.
Nous sommes actuellement dans une période d'inflation, et Bitcoin permet à chacun de sortir de la monnaie défaillante pour protéger son épargne, si durement gagnée, sur la monnaie la plus dure de toutes : le bitcoin.
➤ En savoir plus sur la différence entre Bitcoin et les autres cryptomonnaies.
Le bitcoin est une monnaie supérieure. Aucune autre devise au monde ne pourra être plus rare que celle-ci. Bien qu'il subsiste encore certaines frictions et axes d'amélioration, les propriétés fondamentales de rareté et d’incensurabilité imposées par les utilisateurs sont déjà présentes.
L'utilisation du bitcoin comme monnaie renvoie finalement à un raisonnement logique et presque naturel. En tant qu’individu dans une société, je dois utiliser une monnaie pour stocker la valeur de mon énergie dans le temps et jouir de cette valeur accumulée de façon différée. Est-ce que je préfère utiliser une monnaie qui perd constamment en valeur, et donc en pouvoir d'achat de biens et de services ? Ou bien, est-ce que je préfère utiliser une monnaie rare, qui me procurera sûrement un meilleur pouvoir d'achat dans le temps ?
Il y a effectivement plus de probabilités qu'une majorité d'individus choisissent la seconde option. Il y a plus de probabilités qu’une majorité d’individus choisissent le bitcoin.