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Avant de basculer pleinement sur l’année 2024, nous vous proposons un retour sur 2023 qui fut riche en événements pour Bitcoin. C’était une année débordante d’innovations techniques et d’actualités politiques et financières ! En fin d’article, nous analyserons également les grands chiffres clés de 2023 pour Bitcoin et les tendances pour l’année à venir.
Au tout début de cette année 2023, le sujet des inscriptions Ordinals a créé un véritable buzz. Pour la première fois, on découvrait un moyen plutôt élégant permettant d'attacher divers types de fichiers à des sats circulant sur le réseau, ouvrant ainsi la voie à la création de ce qui pourrait s'apparenter à des NFT (jetons non fongibles) sur la blockchain Bitcoin.
Le 20 janvier 2023, Casey Rodarmor a lancé ce nouveau protocole exploitant l'espace consacré aux témoins de transaction. Ordinals est conçu pour ancrer ce que l’on appelle des « Digitals Artefacts », qui peuvent être des images, des vidéos ou tout autre type de fichier, directement sur Bitcoin.
Après son introduction, le protocole Ordinals a connu une adoption croissante. Cette montée en popularité coïncidait avec un essoufflement de l'engouement pour les NFTs sur les autres blockchains. Beaucoup ont vu dans les inscriptions une opportunité d’investissement. En conséquence, le volume des transactions Ordinals a significativement augmenté sur le réseau Bitcoin, entraînant même une certaine saturation des mempools des nœuds.
Certains ont voulu surfer sur la dynamique lancée par Casey Rodarmor en tentant de développer leurs propres protocoles. Tel est l'exemple de Stamps, qui, bien qu'il partage le concept d'inscription de fichiers à la manière des Ordinals, le fait avec beaucoup moins d’élégance.
L'ascension fulgurante des Ordinals a connu un pic en mai 2023 avec l'émergence des BRC-20. Ce protocole, plutôt rudimentaire, permet la création de tokens rattachés à Bitcoin via les inscriptions Ordinals. Les tokens BRC-20 ont vite fait l'objet d'une spéculation décomplexée, menant les frais de transaction Bitcoin à des niveaux historiques. Cette hausse soudaine des frais a eu des conséquences, en particulier sur le réseau Lightning, sur lequel il est devenu compliqué d’ouvrir ou de fermer des canaux durant cette période.
La folie autour des tokens BRC-20 s'est finalement apaisée, ramenant les frais sur la blockchain Bitcoin à des niveaux plus raisonnables. Néanmoins, tout au long de l'année 2023, les Ordinals ont su maintenir un intérêt soutenu auprès des utilisateurs.
Le 9 février 2023 marqua la fin d'une ère avec l'annonce de la cessation d'activité de LocalBitcoins, plateforme pionnière des échanges de bitcoins en pair-à-pair. Fondée en 2012, cette institution appréciée par les bitcoiners de la première heure, n'a pas su résister aux assauts conjugués du Bear Market et d'une réglementation toujours plus exigeante. Son modèle s’est notamment fait écraser par l’arrivée des grosses plateformes de trading de cryptomonnaies.
L'année 2023 a aussi été marquée par la campagne de communication lancée par l'ONG Greenpeace, qui critique la preuve de travail utilisée sur Bitcoin. Entamée en 2022 sous le slogan « Change the code, not the climate » (« Changer le code, pas le climat »), cette initiative vise à remplacer le système jugé trop gourmand en énergie de la preuve de travail par une alternative moins énergivore, comme la preuve d’enjeu. Cette campagne a créé l’événement en ce début d’année 2023, lorsque Greenpeace a révélé une sculpture monumentale de près de 4 mètres intitulée « Skull Of Satoshi ».
Cette œuvre de l’artiste activiste Benjamin Von Wong a provoqué une vive réaction sur Twitter, à tel point que, dans un élan de sarcasme, de nombreux bitcoiners l'ont adoptée comme photo de profil.
Bien sûr, de telles initiatives sont souvent accueillies avec dérision, car Bitcoin n'est pas une entreprise centralisée, mais plutôt un système pair-à-pair libre. Pour y apporter des modifications, au-delà d’une campagne marketing, il faut surtout produire une implémentation alternative du protocole et tenter de la pousser au sein de la communauté. Et justement, il existe déjà une implémentation de ce type fonctionnant en Proof-of-Stake nommée « BitcoinPoS ». Ce protocole, lancé en 2020, reprend le code originel de Nakamoto, mais sans la preuve de travail.
Aujourd’hui, BitcoinPoS est mourant. Plus aucune transaction n’y est exécutée et sa capitalisation totale n'est que de 42 000 dollars contre presque 800 milliards pour Bitcoin. Il semblerait donc que les utilisateurs aient fait leur choix.
Évidemment, Bitcoin et son mécanisme de preuve de travail sont loin d’être une fatalité pour l’environnement. Au contraire, ils pourraient bien être une des réponses au réchauffement climatique.
➤ Découvrir pourquoi le bitcoin n’est pas une catastrophe écologique.
Sur un plan plus technique, l'année 2023 pourrait bien être celle de Miniscript. Pour vous expliquer simplement ce concept, c’est une sorte de boîte à outils permettant de fournir un cadre pour programmer des scripts complexes de manière sécurisée sur Bitcoin.
Le langage natif de Bitcoin, appelé « Script », est très complexe à utiliser, notamment pour des applications sophistiquées et personnalisées. Surtout, il est très difficile de vérifier les limitations d'un script. Miniscript remédie à cela en fournissant un sous-ensemble de commandes Script, ce qui facilite grandement leur conception, leur analyse et leur validation. Miniscript permet ainsi aux développeurs de construire des scripts complexes d'une manière plus sûre et plus fiable.
Initialement lancé en 2018 par Peter Wuille, Andrew Poelstra et Sanket Kanjalkar, Miniscript a été partiellement déployé sur la version 24.0.1 de Bitcoin Core, avant d'être entièrement implémenté avec la sortie de la version 25.0 en mai dernier. Au-delà de son intégration à Core, Miniscript a également servi de base pour le développement de nouveaux types de portefeuilles Bitcoin, comme Liana, qui offrent la possibilité de personnaliser les conditions de dépenses des UTXO. Au fil de l'année, l'adoption de Miniscript s'est progressivement étendue aux portefeuilles matériels (hardware wallets).
Le projet Miniscript représente une avancée significative dans le domaine de la conservation autonome (self-custody). Il permettra la personnalisation des portefeuilles Bitcoin, réduisant ainsi les risques de perte ou de vol de fonds pour les utilisateurs.
Le 20 mai 2023, à l'occasion de The Bitcoin Conference à Miami, un jeune développeur connu sous le pseudonyme de Burak annonce l’arrivée d’un tout nouveau protocole de seconde couche nommé Ark. Comme le Lightning Network, Ark est un système opérant par-dessus la chaîne principale de Bitcoin. Il permettrait de faire des paiements rapides, anonymes et peu onéreux.
Contrairement à Lightning, le protocole Ark élimine le besoin de liquidités entrantes pour recevoir des paiements, ce qui représente une avancée considérable pour l'expérience utilisateur. Il procure un niveau de confidentialité comparable à celui des transactions coinjoins, surpassant ainsi nettement le modèle de Lightning en matière de protection de la vie privée. De plus, avec l’implémentation de covenants sur Bitcoin, Ark pourrait être non interactif, permettant alors de recevoir des paiements sans la contrainte de maintenir un serveur 24h/24, comme sur Lightning.
Burak, l’inventeur d’Ark, émet régulièrement des réserves quant à la capacité de Lightning à passer à l’échelle en raison de sa dépendance à la chaîne principale. Il avance que, théoriquement, Ark pourrait intégrer l'ensemble de la population mondiale sur Bitcoin, et cela, en conservation autonome.
Bien que l'on puisse voir Ark comme un concurrent du Lightning Network, les deux peuvent en réalité coexister. Ils pourraient même être plutôt complémentaires. Notons toutefois que pour le moment, Ark n’est qu’une simple idée, le code sous-jacent n'ayant pas encore été révélé par Burak. Il faudra donc garder à l’œil l’évolution de ce protocole, car il pourrait bien catalyser une adoption massive de Bitcoin, tout en reposant sur des compromis acceptables.
Tout au long de l'année, le suspense autour de la création d'un ETF Bitcoin spot a captivé l'attention. Le 15 juin 2023, BlackRock, le géant de la gestion d'actifs fort de plus de 9 000 milliards de dollars sous gestion, a soumis une proposition à la SEC pour la mise en place d'un Trust comparable à un ETF Bitcoin au comptant (spot). Cet événement a relancé une dynamique, incitant d'autres gestionnaires de fonds à emboîter le pas. Des sociétés telles que WisdomTree, Valkyrie Investments, VanEck, Invesco, et BitWise, qui avaient par le passé tenté sans succès de lancer un tel produit financier, ont renouvelé leurs demandes suite à l’initiative de leur concurrent.
En juillet, la SEC a accepté d’étudier la demande de BlackRock. Cependant, en septembre, l'autorité américaine a décalé sa décision sur les ETF Bitcoin à janvier 2024. Un autre rebondissement survint le 16 octobre, lorsque Cointelegraph, un média spécialisé crypto, diffusa via X que la SEC avait donné son feu vert à BlackRock, provoquant une envolée du prix du bitcoin. Cependant, BlackRock a rapidement démenti cette annonce dans la journée.
Le dernier rebondissement date du 24 octobre lorsque la DTCC, un organisme de compensation pour la bourse du NASDAQ, a brièvement attribué le symbole IBTC à l'ETF de BlackRock. Certains ont vu dans ce listage le signe d’une approbation par la SEC. Cependant, la DTCC a supprimé l'ETF de sa liste le même jour, avant de finalement le réintégrer le lendemain, entraînant à chaque fois des fluctuations sur le cours du bitcoin. La conclusion de cette saga semble désormais reportée à 2024, où tous les regards seront tournés vers la décision de la SEC.
La seconde version du protocole de transport de données entre les nœuds Bitcoin, incarnée par le BIP324, a été fusionnée le 3 octobre dernier dans le client majoritaire Bitcoin Core. Cette intégration constitue un progrès important pour ceux qui opèrent des nœuds Bitcoin. Elle offre une nouvelle couche de chiffrement pour sécuriser le réseau pair-à-pair de Bitcoin face à certaines attaques, en particulier les attaques de type Man-In-The-Middle. Le BIP324 promet aussi de renforcer la confidentialité des nœuds Bitcoin contre les écoutes clandestines, y compris celles des fournisseurs d'accès Internet, marquant ainsi une avancée majeure pour la protection de la vie privée des utilisateurs au niveau du réseau.
Si tout se passe bien, le transport P2P V2 devrait être inclus en option dans la version 26.0 de Bitcoin Core, dont le déploiement est prévu dans les prochaines semaines.
➤ Comprendre l’utilité d’un nœud Bitcoin.
C’est sûrement la découverte la plus surprenante de cette année 2023 pour Bitcoin. Le 9 octobre dernier, Robin Linus a introduit un tout nouveau protocole nommé « BitVM ». Celui-ci permet d’étendre les fonctionnalités de Bitcoin en lui octroyant la possibilité de vérifier n’importe quelle opération de calcul, sans nécessiter de changement au niveau du consensus.
Le protocole consiste à déplacer tous les calculs en dehors de la chaîne tout en permettant de les contester si l'autre partie prétend à un résultat frauduleux. Pour ce faire, BitVM exploite l'universalité des portes logiques NAND qui, en étant utilisées en série, peuvent reproduire n'importe quel circuit logique. L'idée est ensuite de stocker les séquences de calculs NAND sous forme de feuilles dans le MAST d'une sortie Taproot.
Bien que ce protocole n'en soit encore qu'à l'étape de concept, il a permis de démontrer des perspectives jusqu'alors insoupçonnées pour Bitcoin.
Examinons ensemble les données essentielles concernant Bitcoin sur cette année 2023. Commençons par la valeur du BTC, qui a connu une hausse considérable durant cette période. Le 1ᵉʳ janvier 2023, l'année s'est ouverte avec un cours de 16 537 $. Bien que 2023 ne soit pas encore fini, au moment de la rédaction de cet article, le cours du bitcoin s'élève à 42 260 $, ce qui représente une augmentation de 156 %.
Il n’y a pas que le prix du bitcoin qui a augmenté, mais également sa sécurisation. En effet, le taux de hachage global du réseau (hashrate) a enregistré une forte croissance, passant de 270 EH/s à 466 EH/s, ce qui représente une augmentation de 72 % sur l'année.
👉 Le saviez-vous ? Un ExaHash (EH) correspond à un trillion de hachages, soit 10^18.
L’utilisation de Bitcoin a également connu une croissance significative. De janvier à fin novembre 2023, Bitcoin a traité 136 millions de transactions, marquant ainsi une augmentation de 46 % par rapport à l'année 2022, et cela, sans même inclure les futures données du mois de décembre. Cette augmentation impressionnante du volume de transactions a été stimulée par plus de 45 millions de transactions associées au protocole Ordinals.
Si cette tendance se maintient, on estime que Bitcoin devrait avoir exécuté près de 148 millions de transactions au total en 2023. Ce qui est certain, c'est que le précédent record de 120 millions de transactions, établi en 2019, a déjà été dépassé.
L’année 2024 nous réserve encore bien des surprises pour Bitcoin. Sur le plan technique, si les discussions autour des covenants ont diminué en cette fin d’année, il n’est pas impossible que l’on tente un nouveau soft fork majeur, près de trois ans après l’activation de Taproot. Les propositions les plus avancées dans ce domaine sont le BIP118 (Sighash_AnyPrevOut), le BIP119 (OP_CheckTemplateVerify) et le BIP345 (OP_Vault).
2024 sera aussi une année de halving ! Prévu aux alentours de mars ou d’avril, cet événement réduira de moitié la récompense de bloc, la faisant passer de 6,25 à 3,125 BTC. La production monétaire sur Bitcoin va donc encore baisser. Ce halving comporte avec lui son lot d’interrogations, notamment quant à la capacité des mineurs à survivre suite à cette chute soudaine du nombre d’unités pouvant être créées, alors que le taux de hachages n’a cessé d’augmenter en 2023. Nous surveillerons également les fluctuations du cours du bitcoin en réaction à l'événement du halving, qui, historiquement, a souvent été le présage d'une tendance haussière sur le marché.
➤ En savoir plus sur le fonctionnement du Halving de Bitcoin.